La larga deriva del IEP bloqueada por la extrema izquierda

La larga deriva del IEP bloqueada por la extrema izquierda
Descriptive text here
-

« On reste ici, on ne bougera pas ! » Vendredi, devant le numéro 27 de la rue Saint-Guillaume, entre 1000 et 2000 étudiants bloquaient l’entrée du campus de Sciences Po Paris. Des poubelles, des barrières de chantier et des Vélib’ amoncelés empêchaient tout passage. À l’étage, depuis les fenêtres de l’institut d’études politiques, des dizaines de jeunes habillés de keffiehs scandaient divers slogans. Ils se sont enfermés dans l’établissement la veille au soir, vers 19 heures. « Israël assassine, Sciences Po complice », « Free Palestine » ou encore « Nous sommes tous des enfants de Gaza » sont inlassablement repris au son des tam-tam et des tambourins. Entre le brouhaha, la musique orientale et les multiples minutes de silence, les étudiants lèvent les mains au ciel et affichent le V de la victoire.

Depuis plusieurs jours, les tensions rythment le quotidien du campus de Sciences Po Paris. Mercredi soir, une petite centaine d’étudiants se sont réunis au cœur du campus Saint-Thomas de l’IEP, avec pour objectif de dormir sur place. Une trentaine de jeunes ont installé des tentes dans les jardins. Dans un tract que Le Figaro s’est procuré, les militants demandaient « l’investigation des partenariats de l’école avec les universités et organisations soutenant l’État d’Israël et la cessation immédiate des poursuites disciplinaires envers les étudiants propalestiniens ». Finalement, vers 1 heure du matin, les forces de l’ordre étaient intervenues pour évacuer les lieux. Le lendemain matin, alors que le calme était revenu sur le campus, de nouvelles mobilisations avaient agité l’école, cette fois-ci rue Saint-Guillaume, à l’entrée principale de l’IEP. Au cœur de la « péniche » – le hall de Sciences Po – les slogans « Israël assassine » et « Tout le monde déteste la police » résonnaient parmi les étudiants, dont la plupart portaient des masques chirurgicaux, pour ne pas être reconnus.

Une mobilisation qui s’est intensifiée vendredi matin. Déterminée, Léa (*) était présente depuis 8 heures pour manifester. « L’institution n’a toujours pas pris position pour dénoncer le génocide en cours à Gaza , s’indigne-t-elle, le visage dissimulé sous un foulard noir et blanc. On profite du prestige de Sciences Po pour faire porter la voix de la Palestine ». À côté d’elle, des jeunes brandissent des pancartes et des drapeaux palestiniens. D’autres, comme Inès, 23 ans, sont assis par terre, les yeux rivés sur leurs écrans d’ordinateurs, en train de réviser : « Nous sommes en pleine période d’examen », souligne l’étudiante, camouflée derrière un masque chirurgical noir. Tous ne sont pas des élèves de l’IEP. « Nous sommes plusieurs à venir en soutien. Sciences Po est l’école qui se mobilise le plus, c’est important que d’autres étudiants soient là », explique Rachid, étudiant à l’université Paris-Dauphine.

La ministre appelle à la responsabilité

Vers 11 heures, la musique s’arrête soudainement. Le député de la France Insoumise Thomas Portes fait son apparition au centre de la foule. Dans un porte-voix, il dit être ici pour « apporter tout son soutien aux étudiants de Sciences Po » et pour leur faire entendre un message enregistré par Jean-Luc Mélenchon depuis l’Arménie, où le leader Insoumis commémore le génocide perpétré contre ce peuple du Caucase. Dans un silence quasi religieux, sa voix résonne dans les haut-parleurs : « Je vous adresse mon salut le plus admiratif, vous êtes l’honneur de notre pays. » Sur X (ex-Twitter), la candidate aux élections européennes Rima Hassan prend également part au débat. « Venez tous et toutes à Sciences Po, l’heure est au soulèvement », écrit-elle, prévoyant de rejoindre les étudiants dans l’après-midi.

Mais pour Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, ces interventions ne passent pas. « Quand je lis ce matin le tweet de Rima Hassan, je pense que c’est largement irrespectueux et également un jeu dangereux, à des fins purement électorales. Il faut différencier le débat sur des sujets graves et l’instrumentalisation, la violence, qui ne représentent pas ce qu’on porte dans nos établissements », a-t-elle déclaré à BFMTV vendredi. Avant d’ajouter, sur X : « J’appelle à la responsabilité. Le débat, oui. Le blocage, non. »

Dans l’après-midi, les militants arrivent toujours plus nombreux. À l’étage, une étudiante hurle : « Les examens risquent de passer en juin si la mobilisation continue. L’administration a menacé de suspendre les élèves concernés. Face à cela, nous allons tenter une proposition originale. Nous voulons remettre les tentes au cœur du campus. Nous vous proposons de lever le blocage et de rentrer pour occuper Sciences Po », lance-t-elle. Les étudiants veulent passer à la vitesse supérieure. Une quinzaine de jeunes qui occupent l’IEP décident de sortir. Debout face au blocus, ils lèvent leurs paumes vers le ciel, recouvertes de peinture rouge. « On est désolé de partir, on a un peu honte », déclare l’étudiant au masque FFP2 taché de rouge. Et de poursuivre : « Mais ce sont eux qui devraient avoir honte. » « Soutien, soutien », scande la foule.

À l’intérieur, la sécurité se tient prête. Les drapeaux de la France, de l’Union européenne et de Sciences Po sont remplacés par des drapeaux de la Palestine. La tension monte d’un cran en milieu d’après-midi avec l’arrivée d’une cinquantaine de manifestants pro-Israël, criant notamment « Libérez Sciences Po » ou « Libérez Gaza du Hamas ». Certains sont masqués et ont des casques de moto. Une bousculade entre partisans des deux camps survient alors, contraignant les forces de l’ordre à intervenir pour séparer les deux groupes. « La direction de Sciences Po condamne fermement ces actions qui empêchent le bon fonctionnement de l’institution et pénalisent les étudiants, enseignants et salariés de Sciences Po », a réagi l’institution. En fin de journée, le préfet de police a ordonné de faire évacuer la voie publique. Aux alentours de 20 heures, les évacuations débutaient.

Les CRS se tiennent face aux militants, rue Saint-Guillaume à Paris.Paul-Henri Wallet / Le Figaro

Imiter Columbia

Si les actions des étudiants de Sciences Po s’intensifient, elles n’ont toutefois pas la même ampleur que dans d’autres pays. La semaine dernière, à la Sapienza de Rome, la plus grande université européenne, une centaine d’étudiants italiens avaient enchaîné diverses mobilisations. Le 18 avril dernier, un bilan fourni par la police faisait état de 27 blessés parmi ses unités. Plus impressionnant encore, aux États-Unis, les rassemblements pro-Palestine ne cessent de se multiplier. Los Angeles, Boston, Austin… Mercredi et jeudi, 200 manifestants ont été arrêtés dans ces villes. Jusqu’à concerner les prestigieuses universités de Harvard et de Princeton. Cette semaine, les manifestations ont particulièrement attiré l’attention à l’université Columbia de New York, où des pancartes « Retournez en Pologne » n’ont pas manqué de choquer, provoquant là encore l’interpellation de centaines de militants.

Face à cette révolte internationale, les étudiants français sont galvanisés. « Comme à Columbia, comme à Harvard, ça donne du courage de vous voir vous lever ! », lance le député LFI Carlos Martens Bilongo aux étudiants. Un discours qui dérange certains. « On voit clairement qu’il y a une volonté à Sciences Po de transposer ce qui se passe à Columbia, estime Samuel Lejoyeux, président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Je ne suis pas contre les blocages à Sciences Po, qui sont récurrents, ou les mobilisations pour les Palestiniens. Ce qui m’inquiète toutefois, ce sont les émeutes antisémites. »

Si les regards sont actuellement rivés sur Sciences Po, d’autres établissements tentent de se mobiliser en faveur de la Palestine. Jeudi, place du Panthéon, alors que le président de la République Emmanuel Macron prononçait son discours à la Sorbonne, près de 200 étudiants s’étaient réunis sur le parvis. Plusieurs s’étaient assis en tailleur, brandissant des écharpes et drapeaux aux couleurs de la Palestine. Parmi la foule, le logo de LFI était bien visible. Certains s’étaient collé du ruban adhésif sur la bouche, voulant ainsi dénoncer le silence de l’État sur le sujet. Pour l’heure, les autres universités semblent assez calmes. Mais l’épisode de Sciences Po laisse craindre une amplification du mouvement. « Il faut tout de suite mettre des limites pour éviter que le phénomène ne se propage », martèle Samuel Lejoyeux.

(*)Le prénom a été modifié.

-

NEXT Un concierto internacional de la Rémy Harmony Orchestra/les Charreaux y la Niederlinxweiler Orchestra con motivo de los 42 años del hermanamiento de las ciudades de St Rémy y Ottweiler. – info-chalon.com