Enfant de la pop-culture devenu un artiste phare de la Figuration Libre dans les années 1980, Hervé Di Rosa a très tôt mis en place une mythologie personnelle, peuplée de créatures aux bouches proéminentes, avec un cœur palpitant au milieu du visage. Composées avec une technique de all-over très singulière, ses toiles sont à l’image de ses imaginaires : foisonnants, mais aussi sans cesse renouvelés, comme en témoigne sa nouvelle exposition personnelle à la galerie Templon à Paris, intitulée “Idoles et trésors”. Un titre que pourrait faire sien le MIAM (Musée International des Arts Modestes) qu’Hervé di Rosa a fondé en 2000, institution sétoise où s’exposent aussi bien l’art contemporain que l’art brut et les arts modestes, populaires, décoratifs ou traditionnels. On l’aura compris, c’est la réunion qui fait la force d’Hervé Di Rosa. De quoi nous donner envie de lui confier une carte blanche pour plonger dans ses imaginaires ! Au programme :
- Esthétique luxuriante et travail artisanal, avec le cinéaste Bertrand Mandico
- Punk et icône rock, avec l’artiste total Jean-Luc Verna. Également musicien, il nous livre avec son groupe I Apologize quelques reprises savoureuses de son panthéon musical
- Magie et violence, dans Notre-Dame des Fleurs de Jean Genet, dont Hervé Di Rosa nous lit le début pour le Live Parole
- Bulles, passion du voyage et Académie des Beaux-Arts, avec l’autrice de bande dessinée Catherine Meurisse.
Hervé Di Rosa, biberonné à la culture populaire
Biberonné aux cow-boys et Indiens de fabrication Britain, aux soldats Starlux et aux premiers cosmonautes Mattel, Hervé Di Rosa estime que c’est “tout ce qu’on voit avant 7-8 ans qui forme le regard“. Davantage que la télévision, c’est tout ce qui relevait de la culture imprimée qui a à son tour imprimer sa rétine. Les comics d’abord, et plus tard les magazines d’art, grâce auxquels il découvre notamment l’art brut. De cette première culture, le plasticien nous confie avoir toujours gardé une certaine dualité entre l’illustration et la peinture. “Pendant longtemps j’ai dit que je faisais des images peintes, plutôt que de la peinture“, précise-t-il.
Affaires culturelles [!–> Escuchar más tarde
[!–> escuchar 55 min
Bertrand Mandico nous en met plein la vue ! Vive les paillettes
Paradoxalement, le cinéma fut beaucoup plus important dans la formation d’Hervé Di Rosa que la peinture. Aujourd’hui encore, le septième art occupe une place de choix dans son panthéon. Il se souvient de sa première rencontre avec le cinéma de Bertrand Mandico : “ça m’a remis en phase avec le cinéma français !“. Présent en plateau avec lui, Bertrand Mandico loue pour sa part l’explosion d’énergie si caractéristique d’Hervé Di Rosa et de ses œuvres. Lorsqu’il était adolescent, le cinéaste le voyait comme une pop star, un artiste “décomplexé par la forme et c’était très encourageant“. Dans les années 1980 en effet, Hervé Di Rosa et sa bande de la Figuration Libre avaient une posture à contre-courant de celle attendue chez les artistes jusqu’alors. “Ma génération a participé à faire avancer les choses“, estime le plasticien.
Les Midis de Culture [!–> Escuchar más tarde
[!–> escuchar 38 min
Pourrait-on dire que Bertrand Mandico pratique un art modeste, -concept cher à Hervé Di Rosa- ? Pourquoi pas, dans la mesure où la luxuriance de ses films est le fruit d’un travail artisanal, sans effets spéciaux. Nous ne voyons rien de plus que ce qu’il créé sur le plateau : “Je recycle des techniques obsolètes qui appartiennent à l’histoire du cinéma. Mes films sont ambitieux sur le papier, alors que j’ai des subventions qui le sont moins… donc l’idée c’est de ne pas renoncer, concentrer mon énergie et mon imaginaire pour parvenir à faire illusion, en mettre plein la vue !“.
Jean-Luc Verna et Hervé Di Rosa, le punk coule dans leurs veines !
Jean-Luc Verna et Hervé Di Rosa ont beaucoup de points communs… à commencer par leur passion pour le punk ! C’est la dimension d’artiste total de Verna qui plaît à Di Rosa, il préfère les artistes qui sont “comme leurs œuvres“.
Comme Di Rosa, Verna -un des plus grands dessinateurs de notre temps-, a toujours tissé des liens entre “culture populaire et culture savante” : sa première école ? Celle des X-men ! “Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui je suis exposé dans des grandes collections que je vais soudain changer !“. Et le MIAM, c’est la circulation même entre art populaire et l’art qu’on collectionne, et ce musée est visité par 45 mille visiteurs par an, c’est dire son succès, quand on sait que la ville de Sète elle-même a 45 mille habitants…
“J’ai toujours été dans un rêve d’art total : danser, chanter, mettre en scène, dessiner… et tout augmente tout !” conclue Verna.
Catherine Meurisse, la BD à l’Académie française
Catherine Meurisse et Hervé Di Rosa sont liés par une amitié construite sur de nombreux points communs : un départ à New York qui les confronte à la peinture, mais aussi la rencontre du Louvre. Nourrie par une enfance à la campagne dans la nature, Catherine Meurisse revient sur le choc de sa découverte du Louvre, sa confrontation directe aux œuvres et à une autre nature représentée cette fois-ci par des artistes. “Arriver au Louvre, c’est comme arriver dans une seconde maison.” Aujourd’hui, ils sont tous les deux membres de l’Académie française des Beaux arts. Une entrée exceptionnelle pour Di Rosa “ex-punk” et pour Catherine Meurisse, première dessinatrice de bande dessinée à y rentrer, et qui a vu cette opportunité comme une chance, “un coup de pouce” pour le monde de la bande dessinée. “Le dessin de caricature se retrouve chez tous les artistes, c’est un point de départ, vivant, qui réunit tout le monde.” A quoi sert l’Académie Française ? Di Rosa met en lumière notamment l’importance de la distribution des financement à de nouveaux artistes.
Si Di Rosa n’est pas friand des voyages, déclarant détester le tourisme et privilégiant un déplacement de travail, Catherine Meurisse les a vécus, elle, comme une véritable épiphanie. “J’ai une forte timidité par rapport au voyage, il a fallu certains évènements pour que j’ose.” reconnait-elle. 2015 et les tragiques évènements de Charlie Hebdo la poussent à franchir le pas. “A Rome, je marchais avec mes morts, ceux de Charlie.” Voyageant seule, d’abord Rome, puis le Japon. “Je voulais être un peu secouée”. Catherine Meurisse confesse son besoin de solitude: “J’avais besoin de silence”. Les voyages se sont révélés pour elle comme une Source d’inspiration, et lui ont permis de retrouver une envie de dessiner et sont convoqués sans surprise dans ses bandes-dessinées.
Les Masterclasses [!–> Escuchar más tarde
[!–> escuchar 60 min
Plus d’informations sur les actualités d’Hervé Di Rosa :
- L’exposition d’Hervé Di Rosa, Idoles et trésors, est à découvrir à la Galerie Templon, 30 rue Beaubourg à Paris, du 11 janvier au 1er mars
- Le catalogue de l’exposition d’Hervé Di Rosa Le passe-mondes qui s’est tenue au Centre Pompidou à Paris jusqu’en août 2024, sous la direction de Michel Gauthier, est à retrouver aux éditions du Centre Pompidou