Ce « match », c’est lui qui l’enclenche, très tôt, à Beauvau. Juin 2005 : l’affaire Nelly Cremel. L’épouse d’un officier de la DGSE est tuée par un récidiviste. Le juge d’application des peines doit « payer pour sa faute », fustige le ministre.
Octobre 2007 : c’est un Nicolas Sarkozy Président, assis sur le canapé rouge de Michel Drucker, qui compare les magistrats de la Cour de cassation à des « petits pois » sans « saveur ».
Plus tard, en 2014, son avocat Thierry Herzog parlera, au téléphone, avec Nicolas Sarkozy (alias Paul Bismuth), de ces « bâtards » de juges.
Est-ce qu’on est dans l’inédit ?
Une telle sanction, pour un ex-président (un an ferme aménageable en bracelet), et pour un délit de corruption, oui, c’est une première !
En 2011, Jacques Chirac avait écopé de deux ans avec sursis pour les emplois fictifs de la Ville de Paris.
Nicolas Sarkozy en a-t-il fini avec la justice ?
Même pas ! Bracelet ou pas à la cheville, ce n’est qu’un début.
Le 6 janvier va s’ouvrir, et pour 3 mois, le procès du financement de sa campagne de 2007. Y a-t-il eu un pacte secret avec Kadhafi, en échange de sa réhabilitation diplomatique ? Il risque 10 ans de prison, 375.000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité.
Et les « petits pois » de la Cour de cassation ont encore du pain sur la planche ! Puisqu’ils devront trancher dans l’affaire Bygmalion, du nom de la société qui gérait ses meetings de 2012, et dont les factures ont explosé (43 millions d’euros de dépenses, soit près du double du plafond autorisé). En appel, il a déjà écopé d’un an de prison, dont 6 mois avec sursis.
Mais il ne s’avoue pas vaincu pour autant…
Jamais ! Car cette croisade anti-juges est devenu son moteur politique. Il y avait déjà du trumpisme dans le sarkozysme… Légende qu’il cultive à grands renforts de dédicaces de ses livres publiés chez Fayard.
D’ailleurs, il faut lire son tout dernier message, cet après-midi, sur X : « Je ne suis pas décidé à accepter l’injustice profonde qui m’est faite. Mes droits de justiciable ont été bafoués. »
Ce qui justifie, à ses yeux, de saisir la Cour européenne des droits de l’homme…
Incroyable retournement de l’Histoire… Contre les « petits pois » de Paris, Nicolas Sarkozy appelle au secours d’autres « petits pois », plus gros, européens : ces magistrats de la CEDH qui siègent à Strasbourg.
En quoi est-ce que cela vous surprend ?
Ce recours s’explique par la jurisprudence : la CEDH a déjà condamné la France, en 1990 (arrêt Kruslin et Huvig contre France), pour des écoutes téléphoniques abusives, contraires au respect de la vie privée (inscrit à l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme)…
L’ancien Président se tourne donc vers une justice supranationale, que droite et extrême droite ne cessent de fustiger ! Il est là le paradoxe !
Lors de la primaire de la droite, en 2016, François Fillon demande que la France sorte de la CEDH. Nicolas Sarkozy exige sa réforme. L’an dernier, Laurent Wauquiez s’en prend au « coup d’Etat des juges ». Et Gérald Darmanin, ministre, se dit prêt à payer toutes les amendes pourvu que la France expulse qui elle veut…
Donc, pour répondre à votre question : politiquement, Nicolas Sarkozy perd en influence ! L’éternel coach de la droite n’a pas empêché l’installation de François Bayrou à Matignon. Judiciairement, il est au plus mal. Il rêve d’une 3ème mi-temps où une cour européenne viendrait sauver sa réputation, en France…