¿Siempre es mejor saberlo?

¿Siempre es mejor saberlo?
¿Siempre es mejor saberlo?
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Quelle difficile question… J’ai envie de répondre, cher XXX, à votre question – est-il toujours préférable de savoir ? – que je ne sais pas…

Car d’un côté le savoir est la condition de la sagesse, et on se dit que plus on connait son histoire, son passé notamment, plus on va être capable de se donner un avenir. Ne pas connaître un secret de famille, par exemple, peut entraver notre bonheur et notre santé mentale… Ne pas savoir ce qui est bon pour soi peut entraver considérablement notre manière de construire notre vie… D’un côté, donc, il faut savoir pour être libre – Spinoza ou Hegel verront même dans le savoir la plus haute des libertés…

Mais de l’autre, comme l’écrit avec génie Paul Valery… « Que de choses il faut ignorer pour agir »… !

« Que de choses il faut ignorer pour agir » ! N’est-ce pas un simple bon mot, une simple provocation de Paul Valery…

Non, je ne crois pas, je crois que c’est une phrase puissante… Parfois, ne pas savoir certaines choses peut libérer notre capacité d’action. On peut par exemple se lancer dans un projet d’autant plus qu’on ignore toutes les tentatives qui ont déjà échoué et ressemblent à la nôtre, se lancer dans un projet d’autant plus qu’on ignore toutes les raisons de ne pas se lancer dans l’aventure. Et parfois ça va marcher quand même… Alors que si on avait eu plus de savoir, plus de connaissances, on ne se serait jamais lancé… De toute façon, agir, c’est reconfigurer le réel, alors à quoi bon tout savoir de ce réel si c’est pour le reconfigurer par notre action ?

« Que de choses il faut ignorer pour agir »… On peut voir aussi dans cette belle phrase de Paul Valery une invitation à la décision : si nous attendions, pour décider, de tout savoir, nous ne déciderions jamais. Dans les grandes décisions, on trouve le courage de se lancer malgré l’incertitude – de se lancer, donc, dans un relatif non savoir…

Vous semblez distinguer le plan de sagesse ou de la connaissance de soi – où il est préférable de savoir le plus possible – du plan de l’action…

Oui, on peut le voir comme ça… Je crois que sur le plan personnel, familial ou même social, sur le plan de nos névroses et de notre possible bonheur, ce qui peut nous libérer c’est quand même de monter en conscience et de se connaître mieux.

Mais lorsqu’il nous faut agir dans le monde, oser nous lancer dans le réel incertain du monde, alors nous pouvons aussi être libérés par ce que nous ne savons pas. Cela ne veut pas dire que nous faisons n’importe quoi, il y a bien sûr des choses à savoir avant d’agir, mais ce savoir ne fait pas tout : l’action comporte également sa vérité en elle-même…

Et puis il y a autre chose, une autre résonnance à votre question… « Est-il toujours préférable de savoir ? ». Et s’il était préférable, parfois, non pas de savoir… mais de croire ?

Croire en Dieu, n’est pas savoir qu’il existe. Croire que nous allons nous aimer encore longtemps, n’est pas le savoir. Dans la croyance, il y a une dimension de doute.

Croire, au sens propre – que l’on parle de croire en Dieu ou de croire en l’amour – c’est accorder du crédit à un objet dont la réalité est hypothétique, dont la réalité n’est pas certaine. Et c’est ça qui est beau. Ce qui est beau, c’est de croire en Dieu alors que Dieu, peut-être, n’existe pas. Ce qui est beau, c’est de croire en notre amour alors que nous ne pouvons pas savoir s’il durera toujours. Cette croyance n’est pas une foi absolue ; c’est une croyance qui se sait croyance et incorpore une dimension de doute.

Savoir que Dieu existe, n’est-ce pas être fou, et possiblement fanatique ? Mais croire en Dieu, en sachant que ce n’est qu’une croyance et pas un savoir, c’est une autre histoire.

Savoir que notre amour durera toujours, n’est-ce pas encore une fois folie, et possiblement aveuglement ? Mais y croire, et œuvrer à ce que le réel donne raison à cette croyance, c’est une autre histoire.

Il n’est donc pas toujours préférable de savoir. Parfois c’est de ne pas savoir qui libère. Parfois c’est de croire qui libère. Si nous savions tout, nous n’aurions plus rien en quoi croire.

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