(Saint-Denis de la Réunion) Plusieurs centaines, voire des milliers de morts à Mayotte : le bilan humain du cyclone tropical Chido s’annonce très lourd dans le petit archipel de l’océan Indien, le département le plus pauvre de France, où les secours ont commencé à arriver dimanche.
Publié à 11 h 51
Mis à jour à 12 h 32
Jéromine DOUX
Agence France-Presse
« Je pense qu’il y aura certainement plusieurs centaines, peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers » de morts au vu de la « violence » du cyclone, a déclaré le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville sur la chaîne publique Mayotte la 1re.
Mais il sera « très difficile d’avoir un bilan final » étant donné que la tradition musulmane, très ancrée dans l’archipel, veut que les personnes soient enterrées « dans les 24 heures », a précisé le représentant de l’État.
Têtes de proue d’un pont aérien et maritime organisé depuis l’île de La Réunion, territoire français distant de 1400 km à vol d’oiseau, deux premiers avions transportant des secouristes et du matériel médical ont atterri à Mayotte dans la journée de dimanche.
Avec des rafales observées à plus de 220 km/h, le cyclone Chido, le plus intense à frapper le territoire ultra-marin depuis plus de 90 ans, a semé la dévastation.
« L’hôpital est touché, les écoles sont touchées. Des maisons sont totalement dévastées. Le phénomène n’a rien épargné sur son passage », a décrit à l’AFP le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila.
Les cases ont été anéanties, les toits de tôle ondulée se sont envolés, des poteaux électriques sont tombés à terre, des arbres et bambous ont été brisés… La plupart des routes sont impraticables, les communications extrêmement difficiles.
L’habitat précaire, qui concerne environ un tiers de la population de l’archipel estimée à 320 000 habitants, est « entièrement détruit » et de nombreuses installations de service public ont été détruites ou endommagées, obligeant les autorités à fonctionner dans des conditions dégradées, selon le ministère de l’Intérieur.
Ibrahim, un habitant de Mayotte joint par l’AFP, a tenté de rejoindre l’ouest de l’île principale dimanche matin en déblayant les axes au fur et à mesure dans « un décor apocalyptique ». « Seules quelques maisons en dur ont tenu. Il ne reste rien des bidonvilles », a-t-il rapporté.
Nombre d’immigrés sans papiers habitant les bidonvilles n’avaient pas rejoint les abris prévus par la préfecture, « en pensant que ce serait un piège qu’on leur tendait […] recogerlos y sacarlos fuera de las fronteras”, explicó a la AFP Ousseni Balahachi, enfermero jubilado y secretario departamental del sindicato CFDT.
“Estas personas se quedaron hasta el último minuto. Al ver la intensidad del fenómeno, comenzaron a entrar en pánico, buscando algún lugar donde refugiarse. Pero ya era demasiado tarde, las sábanas empezaban a volar”, lamentó.
El Papa en solidaridad
La población se encontraba el domingo en estado de asombro, privada de agua y electricidad, dijo a la AFP una fuente cercana a las autoridades.
Al visitar la isla francesa de Córcega el domingo, el Papa Francisco dijo que apoya “en espíritu” a las víctimas de esta “tragedia”, tras el rezo del Ángelus en la catedral de Ajaccio.
La diputada de Mayotte, Estelle Youssouffa, pidió al Estado que declare el estado de emergencia para “proteger a las personas y los bienes”.
La alerta de ciclón se redujo de rojo a naranja el domingo por la tarde en Mayotte. Siguiendo su curso, el ciclón Deseo azotó el norte de Mozambique el domingo por la mañana. En las islas vecinas de Comoras sólo se registraron daños menores y no hubo muertes.