Ciudades sostenibles: un enfoque crítico

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En 1992, après la chute du Mur de Berlin, l’armée française abandonne la caserne Vauban, à Fribourg-en-Breisgau, dans le sud-ouest de l’Allemagne. La ville décide alors de reconvertir la friche militaire en quartier socio-écologique, l’un des premiers écoquartiers au monde. Des décennies plus tard, alors que les labels se sont multipliés et que de nombreuses villes se revendiquent de ce concept, quel bilan écologique et social peut-on réellement en tirer ?

Des écoquartiers pour attirer des personnes aisées

Dans son livre Contre la ville durable, publié aux éditions Grévis, Matthieu Adam synthétise une quinzaine d’années de recherches critiques sur l’écologisation de l’urbanisme. Il montre que les motivations des communes à se lancer dans ces projets d’écoquartiers sont d’attirer des capitaux et des populations aisées, plutôt que de répondre aux besoins des habitants déjà présents et aux enjeux écologiques.

Mathieu Adam cite l’exemple emblématique du quartier Vauban, à Fribourg, souvent présenté comme un modèle d’écoquartier. S’il reconnaît les avancées techniques (isolation performante, énergies renouvelables), il souligne que ce type de projet reste inscrit dans une logique de croissance et d’attractivité territoriale. “On va intégrer l’écologie comme moteur de croissance”, explique-t-il, citant notamment les grands groupes du BTP qui ont fait du développement durable un argument commercial. Des faux semblants sur la ville que le chercheur dénonce : « Il ne s’agit pas de rompre avec une accumulation écocide, mais de verdir la croissance ; il ne s’agit pas d’abolir les classes sociales, mais de s’accommoder des inégalités en prônant la mixité sociale ; il ne s’agit pas d’autogérer la cité, mais de rendre acceptable des décisions en les faisant avaliser par des dispositifs participatifs ».

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Vers une écologie urbaine alternative

Pour Matthieu Adam, une véritable écologie urbaine devrait rompre avec “l’obsession de la croissance et de l’attractivité territoriale”. Il plaide pour une remise en question de la propriété privée et une plus grande implication des habitants dans les décisions d’aménagement. “Il s’invente des manières de s’organiser collectivement avec les habitants qui décident des destinées des territoires qu’ils habitent”, évoquant notamment les expériences d’autogestion menées dans certaines luttes urbaines.

Avec : Matthieu Adam chercheur au CNRS – Laboratoire Environnement Ville Société, auteur de Contre la ville durable, éditions Grevis.

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