Rarement un écrivain aura été à la hauteur de son œuvre comme Christian Bobin.
Enfant retenu prisonnier par sa mère dans la cour de son immeuble du Creusot, il développa une familiarité hors norme avec ces « petits riens » qui formèrent son environnement : fleurs, feuilles, nuages, fissures… Comme si l’enfant faisait provision de ressources pour l’œuvre à venir…
Souvent taxé de « mièvre » par la critique littéraire – qui ne semble pas lui pardonner de rester fidèle à sa ville ouvrière et d’avoir acquis un lectorat assez diversifié – Bobin n’a pourtant rien d’un auteur à l’eau de rose. S’il confesse céder parfois à la facilité, c’est pour laisser libre cours à ses « visions », à l’élan enchanté d’un homme qui refuse le diktat de la conscience, jugée bien trop sérieuse. Voire mortifère…
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S’il est un parfait connaisseur – et un admirateur – des philosophes et des auteurs du monde entier – des poètes Mandelstam ou Rûmî à l’œuvre de Cioran et de Pascal – Bobin les absorbe pour n’en garder qu’une loi : celle du cœur.
S’il n’est pas, à proprement parlé, un « écrivain engagé », l’auteur d’Autoportrait au radiateur n’en demeure pas moins extrêmement attentif à l’autre, l’humain, et à ce que la société capitaliste lui fait subir.
Aussi, quand le « moi » de l’écrivain déborde, l’homme ne tarde pas à le censurer pour mieux laisser place – la plus grande – au lecteur… Même s’il se défend de vouloir « réparer », les livres de Christian Bobin apaisent autant qu’ils questionnent. Un trait rare chez ses contemporains, et qui explique, pour une grande partie, son succès…
L’homme avait fini par quitter Le Creusot à la faveur de sa rencontre avec la poétesse Lydie Dattas, à la fin des années 90. Il trouva un refuge isolé – non loin de sa ville natale.
Là, il vivait dans le silence, parmi les chevreuils et les arbres. La porte de sa maison était ouverte. Si sa générosité et sa discrétion n’avaient pas inspiré le respect de sa solitude à ses lecteurs, combien auraient-ils été à venir frapper à sa porte ?
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Extraits des œuvres lues de Christian Bobin : Dans la lumière du monde, Le Murmure, Prisonnier au berceau, Le muguet Rouge, Le Très-bas, Eloge du rien, Le colporteur, L’éloignement du monde et Le christ aux coquelicots.
Bibliographie
- Christian Bobin, Les différentes régions du ciel, collection Quarto (éditions Gallimard, 2022).
- Claire Tiévant et Lydie Dattas, Bobin, collection Cahiers de l’Herne (éditions de L’Herne, 2019).
- Christian Bobin avec Lydie Dattas, La lumière du monde, collection éditions originales (éditions Gallimard, 2001).
- Christian Bobin, Le Christ aux coquelicots, collection Entre 4 yeux (éditions Lettres vives, 2022).
- Gilles Gontier, Plus que vie et mort réunies, collection Approches littéraires (éditions de L’Harmattan, 2022).
- Dominique Pagnier, L’arrière-pays de Christian Bobin, (éditions de L’iconoclaste, 2018).
Références musicales
- Partita nº4 en Ré Maj BWV 828 pour piano : Sarabande, de JS Bach, par Glenn Gould.
- Concerto italien en Fa Maj BWV 971 pour piano : Andante, de JS Bach, par Alfred Brendel.
- La forêt des ombres Part.1 de David Chalmin.
- Variationen zur Gesundung von Arinuschka : Variation n°1, d’Arvo Part, par Ralph Van Raat.
- Japan d’Andrey Degatchev.
- Zola : What y’all make de Mica Levi.
- Prélude et fugue n°9 en Mi Maj BWV 854 – prélude, de JS Bach, par Glenn Gould.
- Chrysalithe d’Eric la Casa.
- Ba Ba de Sigur Ros.
- Selected letters of Sergei Rachmaninoff : Letter from Sergei Ramaninoff to Arvo Pärt – pour piano, par Anton Batagov.
- Peace Piece, par le Bill Evans Trio.
- Immortality d’Ana Roxanne.
- Symphonie n°5 en ut dièse min : 4. Adagietto – arrangement pour piano, de Gustav mahler, par Alexandre Tharaud.
- Summa (Version révisée pour orchestre à cordes), d’Arvo Part, direction JJ Kantorow, orchestre : Tapiola Sinfonietta.
- Préludes livre I : Des pas dans la neige, pour piano, de Claude Debussy, par Marcelle Meyer.
- 2 légendes S 354 : 2. Saint François d’Assise prêchant aux oiseaux (version pour orchestre) de Franz Liszt, chef d’orchestre : Gerd Albrecht, par l’Orchestre symphonique de Berlin.
- Xabo Father Bonieck, de Prayer Hania Rani.
- Mountain de Kate Young.
- Nuages Quintette du Hot Club de France, avec Django Reinhardt.
- Prises de son, Hervé Dubreuil, Pierric Charles et Marie Lepeintre
- Mixage, Amandine Grevoz. Lectures, Sarah Chaumette
- Documentalistes Annelise Signoret et Antoine Vuilloz
- Documentaliste Ina, Samia Djedaï.