Quand on parle à Laëtitia d’un Hôpital pour les enfants, elle pense tout de suite à ce que cela lui a apporté : “une parenthèse, hors du temps, hors de l’hôpital, hors du soin“. Son fils Eliott a beaucoup fréquenté le service d’oncologie pédiatrique du CHU de Poitiers alors qu’il avait un an. Elle n’oubliera jamais ces “moments de convivialité, de partage, même sur la maladie, avec les autres mamans et les autres papas, avec les soignants et l’équipe d’un hôpital pour les enfants“. Eliott a passé “un an, six mois et trois jours” à l’hôpital. Elle sait ce qu’elle doit aux bénévoles de l’association : pouvoir quitter la chambre de son fils pour respirer et prendre un peu de temps. Eliott a aujourd’hui 7 ans et va bien.
Musique, spectacle de clowns, magie, jeux de société, activités manuelles, jeux vidéos, l’association s’adapte à l’âge et aux besoins du petit patient. “À tout âge, un enfant continue sa construction, c’est vraiment important de pouvoir lui apporter toutes ces activités, estime Gilles Kéo, directeur de l’association Un hôpital pour les enfants depuis 2015. Elles nous permettent d’entrer en contact avec l’enfant.” L’association, créée en 1993, est reconnue d’intérêt général depuis 2001. Les professionnels de santé qui accueillent les enfants les informent de l’existence de l’association qui peut adoucir leur hospitalisation. Les parents sont toujours très inquiets et préoccupés par l’état de santé de leur enfant hospitalisé. “C’est vraiment important qu’on puisse aussi prendre le relais des parents pour qu’ils puissent souffler. Prendre soin des parents, c’est aussi prendre soin de l’enfant. C’est pour ça que l’association a ouvert dès 2013 un espace famille.” Un lieu pour boire un café, se poser, discuter avec d’autres parents, accéder à un ordinateur pour lire ses mails ou faire des recherches.
“L’association reste unique en France“
Les salariés de l’association forment une petite équipe qui accompagne les bénévoles qui viennent chaque semaine pour soutenir les enfants hospitalisés. En plus de la cinquantaine de bénévoles, l’association peut compter aussi sur le soutien d’artistes comme le chanteur Toma Sidibé, son parrain, ou le magicien David Orta. Sahra Barket et Tony Sauvion ont pris l’habitude de passer le matin de Noël pour chanter des chansons aux petits malades.
Le CHU accueille des enfants et des adolescents de tout le Poitou-Charentes, qui peuvent rester éloignés de leur famille. L’association apporte un vrai réconfort et des interactions sociales dans l’enceinte de l’hôpital. “Notre équipe est en lien permanent avec les soignants qui voient véritablement la plus-value d’une action comme un hôpital pour les enfants au sein du CHU de Poitiers” se félicite Gilles Kéo, parce qu’il faut savoir que l’association reste unique en France.” Pour son investissement depuis plus de 30 ans au service des enfants malades et de leurs parents, l’association est d’ailleurs citée comme un exemple à suivre par la Fédération hospitalière de France dans son rapport de 2019 sur l’accueil des enfants à l’hôpital public. L’association prend soin aussi des nourrissons. “On leur fait écouter de la musique, on leur fait aussi ressentir une présence humaine. Un geste, une parole, une musique, c’est vraiment quelque chose de primordial.“
“Un Hôpital pour les Enfants est un cocon de bienveillance“
Depuis une dizaine d’années, tous les professionnels d’Un Hôpital pour les enfants ont une formation issue du social pour mieux appréhender l’accompagnement de fin de vie ou sur les traumatismes. “C’est un gage de la bonne intervention de chaque professionnel.” Une manière d’accompagner avec tact des petits patients et leur famille qui vivent déjà une situation difficile. “L’association Un Hôpital pour les Enfants est un cocon de bienveillance“. Gilles Kéo a aussi mis en place la supervision par un psychanalyste. “Cela permet vraiment à mon équipe de pouvoir se décharger des émotions et de mieux comprendre certaines situations compliquées.” Parfois ce sont les soignants qui alertent les membres de l’association que tel enfant aurait besoin de visite ou a un petit moral.
Début 2025, l’association va s’installer dans des locaux refaits à neuf au 9ᵉ étage de la Tour Jean Bernard. L’espace ado devient pour l’occasion “La bulle” d’un hôpital pour les enfants. L’association accueille des bénévoles sous conditions : “avoir un casier judiciaire vierge. avoir plus de 18 ans, avoir les vaccins obligatoires pour l’hôpital et une très grosse motivation.” L’association tourne avec un budget de 300 000 euros et toujours moins de subventions. Heureusement, de nombreuses associations et entreprises organisent régulièrement des événements au profit d’un Hôpital pour les enfants.