J’aimerais revenir sur ces images glaçantes de l’assassinat la semaine dernière, en pleine rue à New York, du PDG de United HealthCare, entreprise privée d’assurance-santé, mastodonte du secteur. Le tueur, toujours en fuite, agit en professionnel. Il tire à plusieurs reprises. Il laisse derrière lui des douilles sur lesquelles sont inscrits les mots « deny », « defend » et « depose », peut-être une référence à un essai publié en 2010 qui dénonçait les méthodes des assureurs-santé et s’intitulait Delay, deny, defend.
Une colère brûlante contre le système de santé
Le New York Times et le New Yorker consacrent l’un et l’autre un article à la manière dont la nouvelle a été reçue et commentée sur les réseaux sociaux. Nulle compassion mais la curée numérique : émojis rire, émojis cœur, émojis applaudissements, des likes par milliers, un déluge de commentaires négatifs sur l’hôtel où aurait dormi le tueur, le personnel de l’établissement étant considéré comme des balances pour leur coopération avec la police. Et puis il y a le concours de sosies du tueur, déjà considéré comme un « héros populaire ». Et enfin une colère brûlante qui s’exprime contre le système de santé américain, contre ces assureurs qui dénient l’accès aux soins, refusent les remboursements en dépit de leurs tarifs prohibitifs. Ces mots de colère sont l’oraison funèbre du PDG assassiné, à tel point que son entreprise a dû fermer ses espaces de commentaire sur les réseaux sociaux.
Le lendemain de l’assassinat, rapporte le New Yorker, des comiques de Broadway faisaient déjà des vannes sur le sujet. Et la salle entière était pliée de rire. Sidérant et, par bien des aspects, terrifiant.
