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¿Es mejor vengarse o perdonar?

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C’est le 47e président des États-Unis, Donald Trump, qui a inspiré cette émission. Donald Trump, un revenant porté par son désir de vengeance, titrait le journal Le Monde le 6 novembre dernier. Se venger… Un puissant ressort qui anime certains d’entre nous.

Alors faut-il à tout prix se venger des offenses, des humiliations, des violences, et des trahisons subies ? Ou vaut-il mieux pardonner ? Se sent-on mieux en se vengeant ou en pardonnant ? Pourquoi certains parviennent-ils à pardonner alors que d’autres sont mus par un désir de vengeance à la manière d’Edmond Dantès dans Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas ? Faut-il forcément se libérer de son désir de vengeance ?

Qu’est-ce que le pardon ?

Pardonner, nous dit le Robert, c’est tenir une offense, une faute pour nulle, renoncer à punir, renoncer à se venger. Pour Gustave-Nicolas Fischer, psychologue, le pardon, c’est une notion élaborée et développée en Amérique du Nord depuis une vingtaine d’années, mais peu présente en France. “Quand on est blessé dans sa vie, on est vraiment bloqué pour continuer à vivre et notamment pour envisager sa vie en d’autres termes qu’en termes de victime. Et donc la question des victimes, elle est centrale dans le pardon. Et c’est pour ça que le pardon est à contre-courant parce qu’on ne sait pas pardonner et on ne veut pas pardonner. Alors que le pardon est d’une brûlante actualité pour le monde, mais pour les personnes en tant que telles, il y a tellement de gens blessés, meurtris, brisés dans leur vie. Or, du point de vue psychologique, on ne guérit pas de ces blessures si on ne pardonne pas.”

Laurence Devillairs, philosophe, explique que c’est même au cœur de la religion, selon laquelle : “S’il y a un Dieu pour nous sauver, c’est parce que nous ne pouvons pas nous pardonner les uns les autres. Ou alors, si nous nous pardonnons les uns les autres, c’est parce que Dieu lui-même nous a pardonnés. Donc cet amour dont nous devrions faire preuve les uns pour les autres, il n’est possible que parce que Dieu lui-même nous aime.”

Le pardon, la guérison ?

Quelle est la différence entre la vengeance et le pardon ? Pour Gustave-Nicolas Fischer, on ne peut pas se faire vengeance soi-même. “On se fait justice par rapport à une blessure que l’on veut régler soi-même. Donc là, on est dans quelque chose qui, pour moi, est fermé, bloqué. Alors que le pardon, c’est justement cette ouverture, c’est-à-dire une force psychique, dans la perspective de la psychologie du pardon en Amérique du Nord, c’est une ressource thérapeutique que l’on met en œuvre si on veut guérir de ces blessures. Donc il y a un chemin à faire. Et ce chemin, il faut s’ouvrir à une réalité qui nous dépasse, transcende le poids de la haine, en force de guérison. Donc l’enjeu pour moi du pardon, c’est la guérison.”

Pour Laurence Devillairs, on fait trop reposer le poids du pardon sur la victime, comme elle l’explique : “Je pense que cette idée de pardon, et je vais plus loin, même l’idée de réparation dont on parle tant, amène une confusion. C’est-à-dire qu’on a l’impression, je vais exagérer un tout petit pour qu’on comprenne, que c’est à la victime de faire un travail sur elle-même pour aboutir au pardon ou à la réparation. Et je pense que c’est une confusion des agresseurs. Il est inutile et même indécent d’essayer de se mettre dans la tête de la victime, savoir si elle a consenti, pas consenti, ou dans l’esprit de l’agresseur, et ce qu’il voulait. Non, il n’y a qu’un fait, l’agresseur qui a agressé.”

-> Pour en savoir plus, écoutez cette émission…

Invités :

Gustave-Nicolas Fischer, professeur émérite de psychologie sociale. Il a enseigné à l’université de Lausanne, de Strasbourg et de Lorraine. Il a également été professeur invité de psychologie à l’université de Montréal et l’UQAM.

Livre : Pardonner. Guérir des blessures de la vie, Odile Jacob, 2023.

Laurence Devillairs, docteure et agrégée de philosophie, habilitée à diriger des recherches à Sorbonne Université. Actualité : « Une touche de philo au musée. Visite philosophique » au Musée d’Orsay, du 10 octobre 2024 au 16 janvier 2025.

– La chronique Choses vues de Christophe André

– Et les questions toujours pertinentes de Marie-Laure Zonzsain, Femme actuelle

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