En dopamine detox. C’est le terme à la mode en ce moment sur les réseaux sociaux, repris aussi par les médias traditionnels comme Libération ce weekend. La dopamine pour rappel, c’est ce qu’on appelle l’hormone du plaisir. Et on en sécrète beaucoup quand on va sur les réseaux sociaux. Il suffit d’une notification, un message, un like pour qu’on en ressente. On se sent gratifié, aimé, valorisé… Un effet connu par les équipes qui travaillent derrière les réseaux, la dopamine, c’est ce qui rend accro. Tout leur modèle repose là-dessus.
Evidemment, c’est mauvais pour la santé mentale des milliards d’utilisateurs. Un coup de boost à l’égo grâce à un like … Ce n’est pas très sain. La conséquence, c’est qu’on passe de plus en plus de temps sur nos smartphones et qu’on s’aime de moins en moins. C’est pour cette raison que depuis quelques années certains influenceurs font une dopamine detox.
Vous l’avez compris, le but est de se couper de ses écrans pendant un temps imparti. La plupart le font sur un mois. Certains vont même encore plus loin et en profite pour éliminer aussi la malbouffe, le porno, le sexe et l’alcool. Des divertissements qui libèrent aussi des shots de dopamine à notre cerveau. Mais là ce sont les cas les plus extrêmes, parmi lesquels, une grande majorité de youtubeurs entrepreneurs. Ceux qui adorent parler de thune, de salle de sport et de mindset. Ce genre de challenge leur sert plus à faire des vues qu’autre chose.
Les démarches que je trouve les plus intéressantes sont celles qui se concentrent sur l’arrêt des écrans. Sur Tiktok, le hashtag dopmine detox cartonne. De plus en plus d’influenceurs en vante les mérites. Dernièrement, même la reine du Youtube français s’y est mise.
Lena Situations, 11.5 millions d’abonnés cumulés sur ses réseaux… A stoppé les écrans pendant 1 mois. Ses abonnés se demandaient où elle était passée, voire même s’il lui était arrivé quelque chose. Car Lena Mahfouf ne postait plus rien.Pour sa detox, elle s’est débarrassée de son iphone, qu’elle a troqué contre un nokia à clapet qu’elle n’utilisera qu’en cas d’urgence. Elle a accès à son ordi mais uniquement pour le travail. Pas de télé évidemment… Et surtout pas de réseaux. Car Lena le dit elle-même, elle fait partie de cette génération qui scrolle à l’infini. Comme elle, les jeunes de son âge passent plus de 7h par jour sur leurs smartphones selon les différentes études.
Et Lena sans écran, elle s’ennuie. Enfin au départ. Après elle trouve des distractions, comme le sport, la lecture, le coloriage et tout simplement les balades. Des activités qui stimulent aussi la dopamine sauf que ce n’est pas par shots. Choisir de lire un livre pour se faire plaisir n’a pas le même impact sur notre cerveau que de voir une notification sur son téléphone que l’on n’a pas demandé. A la fin de sa vidéo, Lena en profite pour encourager ses abonnés à faire une dopamine detox s’ils se sentent aussi submergés par leurs écrans.
Ce genre de message à la jeune génération est d’utilité publique surtout quand on s’appelle Lena Mahfouf et qu’on sait que sa vidéo a fait plus de 2 millions de vues.Après, il y a un paradoxe : elle vante les mérites d’une détox tout en s’adressant à des gens qui la regardent à travers un écran. Et tout en ayant été elle-même filmée durant cette détox. C’est ambigu. D’autant plus que cette opération reste aussi un moyen de produire du contenu. C’est un peu le serpent qui se mord la queue.
Mais je ne veux pas non plus être trop critique. Car les discours de ses influenceurs sont importants à entendre pour leurs millions d’abonnés. Et puis c’est trop facile de les tenir pour seuls responsables. Encore une fois, le temps d’écran doit être un sujet d’éducation aujourd’hui. Ce n’est pas Lena Mahfouf ou Inoxtag qui vont inverser la donne en produisant moins de contenu. Il y aura toujours un truc à aller voir, une vidéo à scroller, une photo à liker. L’important est de trouver la balance et de rééquilibrer ses besoins de dopamine pour la savourer, et non la surconsommer.