Plus dure sera la chute. Tel pourrait être le sous-titre de cette comédie policière qui commence par un cadavre allongé sur le sol d’une maison pavillonnaire. La présumée autrice du crime n’est autre que Victoire, jeune femme au foyer surlaquelle le destin a décidé de s’acharner. Tout commence quelques semaines plus tôt lorsque son mari est victime d’un grave accident de travail. Victoire découvre alors que leur situation financière est au plus bas. Étranglée de dettes, la valeureuse mère de famille va renouer, poussée par son frangin nonchalant, avec son talent pour la contrefaçon de papiers officiels. Passeports, cartes de séjour, bulletins de salaire ou carte d’accès à la cantine de France Inter… elle peut tout imiter avec une rare virtuosité. Mais une telle activité ne passe pas inaperçue et attise rapidement les appétences de gens peu recommandables. En particulier celui d’Edith, femme de pouvoir rétive à toute idée de scrupule…
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Vous avez parlé de comédie en début de chronique, on se demande un peu où elle se niche dans ce thriller au postulat plutôt sombre…
J’aurais dû préciser comédie noire tant l’écriture ici combine loi de Murphy – dite aussi celle de l‘emmerdement maximum – et mécanique policière. Le script déploie un sens tout à fait réjouissant du coup de théâtre impromptu et la mise en scène confère ce qu’il faut de rythme trépidant et d’allant à cette histoire où la morale semble avoir déserté. L’humour s’incarne dans des personnages faussement victimes qui pourraient n’être que des archétypes (le frère procrastineur, la méchante impitoyable…) mais toujours rectifiés par une écriture espiègle et des comédiens de premier ordre : Caroline Anglade, Constantin Vidal et Anne Consigny formant ici un trio de tête réjouissant et charismatique.
Le bonheur de la série télé, c’est sa diversité, la preuve avec votre seconde recommandation “Cent ans de solitude”, d’après l’œuvre de Gabriel Garcia Marquez, auteur colombien mort il y a dix ans. Huit épisodes disponibles sur Netflix.
Une série saluée à juste titre par la presse. Rarement portée à l’écran parce que sans doute intimidante, l’œuvre de Marquez, immense écrivain mais également scénariste pour le cinéma et pour des séries de la télé colombienne, est une fresque chroniquant sur plusieurs générations le destin d’une famille née de l’union proscrite de deux cousins, mais dont naîtra une ville utopiste et une lignée de personnages hors du commun, dont un jeune homme doté de dons prémonitoires.
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Le format sériel convient parfaitement à la structure baroque d’un roman brassant à la fois le mystique, le surréalisme, le fantastique et le politique. La mise en scène toute en volutes envoûtantes, reposant sur un jeu sophistiqué et hypnotisant de plans séquences féériques cristallise à l’image la prose de Marquez, sa folie narrative et sa puissance poétique. Une envolée esthétique de toute merveille.
Les conseils de Xavier Leherpeur :
“Factice” sur 13ème rue et Universal+
“Cent ans de solitude” sur Netflix
