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“Sin ayuda no nos queda mucho más”: con los soldados ucranianos, la historia de una guerra de desgaste

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L’hiver est déjà bien là, mais la boue colle encore aux bottes de Vitaliy et Vadym, partis inspecter leur char caché dans un bosquet. Ils attendent des ordres pour ouvrir le feu sur des positions russes à quelques kilomètres de là. “Souvent on ne sait même pas sur quoi on doit tirer”, reconnaît Vadym. “Ça peut être une maison où se sont installé des soldats, ou bien des engins à eux camouflés. Mais en ce moment comme ils avancent au sol, on tire surtout sur des concentrations de troupes.”

Des troupes russes bien plus nombreuses que les ukrainiennes, et qui lancent chaque jour des assauts. Depuis la perte l’an dernier de la ville de Bakhmout, à 10 km plus au nord, l’armée ukrainienne n’a fait que reculer lentement dans ce secteur. Alors quand on parle à Vadym de négocier avec les Russes… “C’est très compliqué”, répond-il. “Personne n’a envie d’abandonner nos territoires, et de trahir ceux qui sont déjà morts pour les défendre. Mais d’un autre côté, on n’a pas assez de forces pour tenir. Sans aide, on n’en a plus pour longtemps.”

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Viotaliy et Vadym devant l’un des tanks de la n93e brigade ukrainienne, caché dans un bois près de Bakhmout
© Radio France[–>– Camille Magnard

“La guerre est devenue une guerre de drones”

Retour à la maison où nos tankistes ont installé leur QG il y a plusieurs mois déjà. Pour eux c’est clair, la guerre n’est plus la même qu’au début de l’invasion russe, quand les tanks régnaient en maître sur le front. Serhiy, alias “le serpent” commande l’autre char du groupe. Désormais il se sait en permanence sous la menace des drones ennemis qui les traquent.

“La guerre est devenue une guerre de drones : si tu n’as pas de brouilleur installé sur ton tank, c’est un aller simple vers la mort.”  Le brouilleur, c’est devenu le graal sur le front… les tankistes ont lancé une cagnotte, un appel aux dons pour pouvoir s’en acheter un. “Si les Russes savaient qu’on est là, on serait déjà morts. On se prendrait immédiatement un tir de missile ou de bombe planante. Ils ont beaucoup de moyens pour nous détruire !”

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“En position de défense”

Ces hommes qui semblent aujourd’hui enlisés dans cette guerre, ont pourtant pris part à de grandes batailles à quelques kilomètres de là :  ils ont participé à la défense des villes ukrainiennes de Soledar et Bakhmout où ils ont affronté les troupes russes en face à face, dans les rues… avant, à chaque, fois, de devoir abandonner ces villes aux Russes. Vidéo à l’appui, Iaroslav, 23 ans, ne se lasse pas de raconter ses faits d’armes face aux combattants de la milice russe Wagner, à Bakhmout. “Les Wagner avaient planté leur drapeau pour dire qu’ils avaient conquis ce quartier, et ils en étaient fiers. Nos soldats nous ont demandé de tirer dessus… alors on l’a fait !”

“En ce moment”, ajoute Iaroslav, “on est plus en position de défense. Bien sûr qu’on voudrait repartir en première ligne, comme avant, mais maintenant c’est devenu la guerre des drones… et pour notre sécurité, c’est pas plus mal !”

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Iaroslav, commandant de tank ukrainien, trompe son ennui et sa frustration de combats en jouant sur son téléphone… à des simulateurs de tanks
© Radio France[–>– Camille Magnard

Pour passer le temps et sa frustration de combats, Iaroslav use ses yeux fatigués sur son téléphone : un jeu vidéo. “War Thunder ! C’est un simulateur de tanks, pour apprendre les points faibles des différents chars.” Il poursuit : “C’’est mieux dans un vrai tank, bien sûr ! C’est plus d’adrénaline. Tu avances et tu ne sais jamais ce qui t’attend.” Ce qui attend Iaroslav, son armée et son pays, le jeune homme n’en sait rien non plus, à part que “ça va se décider bien loin d’ici”. Et puis il sait qu’il n’est pas près de revoir ses parents, restés dans la ville de Lyssitchansk aux mains des Russes depuis juin 2022.

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