À l’entrée du restaurant “Le Daily Syrien”, Alani, le cuisinier, range le comptoir, plie les serviettes et jette de temps à autre des coups d’œil sur son téléphone pour suivre la progression des rebelles en Syrie.
Les documents franceinfo [!–> Escuchar más tarde
[!–> escuchar 9 min
“On est tellement heureux, on est vraiment, vraiment heureux. Je suis en France, ça fait 5 ans. C’est à cause de Bachar al-Assad, je suis tout seul avec ma sœur et mon frère ici en France. Je veux voir ma famille, je veux voir mes cousins, mes amis. Ils sont tous là-bas en Syrie.“
Hassan aussi nourrit l’espoir de bientôt pouvoir rentrer chez lui. C’est le patron du restaurant un peu plus loin, Shawarma Lovers. Il a fui la dictature de Bachar al-Assad il y a 12 ans. “Jusqu’à maintenant, je n’ai pas vu ma mère. J’ai laissé toutes mes mémoires là-bas. J’ai laissé ma petite sœur. Elle est mariée maintenant et j’aimerais bien voir comment elle est maintenant, une petite princesse.” Alors tous les jours, il regarde les vols en attendant son visa. “Moi-même, je ne peux pas entrer au Jordanie parce que j’ai besoin de visa, parce que j’ai un titre de voyage en France.“
“Tous les morts, toute la guerre, ce n’était pas pour rien”
D’autres, comme Souleymane, le serveur, se disent qu’il va falloir attendre. “Je pense que ça ne sera pas directement stable, la situation en Syrie.” Mais il a déjà l’impression de revivre. “On est heureux de voir qu’après 14 ans, on a gagné. Tous les morts, les bombardements, toute la guerre, ce n’était pas pour rien. On a eu notre liberté, on a fait chuter ce régime.” Le soir, après le travail, il imagine la suite. “Vivre en paix avec tous nos voisins, tous ensemble. J’espère que tout le monde, et surtout l’Union européenne, qu’elle va rester avec nous, qu’elle va nous aider à reconstruire notre pays” et à en faire une démocratie pour honorer, dit-il, les centaines de milliers de Syriens qui sont morts en son nom.
Un reportage d’Anne-Lyvia Tollinchi.