« Qu’est-ce que tu vois en moi que je ne vois pas moi-même », ça, c’est une question que se posent tous les amoureux, les amoureuses ayant une piètre estime de leur personne. Et il y en a partout dans le monde. Ce sont les mots par lesquels commence la chanson que vous venez d’entendre signée Eels, « I Can’t Believe It’s True ». Et qui se termine ainsi : « Je ne le dis pas et ne le montre pas assez, j’ai tant de gratitude pour la chance que j’ai, j’essaie simplement d’être à la hauteur, je veux simplement te mériter, je n’arrive pas à y croire ». Un titre dans le ton habituel de ce musicien, auteur et interprète de chansons au charme unique, le Californien Mark Oliver Everett, dit Eels. « I Can’t Believe It’s True » est extraite de son dernier album, Eels Time, paru juste avant l’été, dans une certaine indifférence, tristement. J’ai eu l’occasion bien des fois de mettre en lumière son talent et vous faire écouter ses chansons dans cette émission. Et je le considère comme un ami, je ne le lâche pas. Quand lui et son groupe sont venus, c’était à la fin de notre saison en 2018, donner un concert pour les auditeurs France Inter sur la scène du studio 105, je suis allé remercier Everett, dit E, comme la lettre E, à la fin du concert et je lui ai dit, en public, la stricte vérité : tu fais partie de ma vie depuis plus de vingt ans et voilà, tu es là en face de moi, ça me fait un choc. Et il a eu cette réaction que je n’ai pas oubliée : il m’a donné l’accolade et on est restés comme ça, sans un mot, dans les bras l’un de l’autre, comme deux amis qui se retrouvaient après une longue absence. On me demande parfois quels sont mes meilleurs souvenirs depuis que je fais cette émission sur France Inter, eh bien en voilà un. Je rappelle en deux mots qui est Mark Oliver Everett, alias E, et ce qui le distingue. Pour aller très vite, c’est une sorte de Neil Young de la génération grunge. Il a abordé tous les styles, folk, blues furieux, country jusqu’à la variété orchestrale.
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Il a composé et chanté, en plus de vingt ans, une très grande quantité de chansons où il a mis en scène sa vie, loin d’être drôle – mère morte d’un cancer, sœur suicidée, dépression… – d’une façon pourtant très drôle et très tendre. Et qu’il chante de sa voix de non-chanteur, si j’ose dire, comme peuvent l’être Tom Waits, un de ses amis et admirateurs, ou Elvis Costello. Je vous dis ça en passant, Mark Oliver Everett a publié un livre autobiographique qui est sans doute le meilleur à jamais avoir été écrit par un musicien de rock, et j’inclus là-dedans les chroniques de Bob Dylan. Si vous lisez l’anglais, il s’appelle Things the Grandchildren Should Know, les Choses que les petits-enfants devraient connaître, en français l’éditeur 13ème Note, hélas disparu, l’a publié il y a plus de dix ans sous le titre bizarre de Tais-toi ou meurs. Et j’ai bien peur qu’il soit devenu totalement introuvable. À propos de livres, je vous parlerai à la fin de l’émission de quelques livres liés à la musique qui méritent d’être mentionnés.
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Pour la suite, eh bien, pour être franc je n’avais pas du tout prévu de passer de chansons de Noël, j’avais même prévu de ne pas en passer mais enfin, celle-là, toute récente, elle m’a eu et présente un charme particulier. Elle est signée par un chanteur français anglophone, Gaspard Royant, une très belle voix, aujourd’hui appréciée par des amateurs du monde entier, spécialisé dans une sorte de soul mélodieuse rétro, qui me rappelle le son de mon enfance. Quelque chose peut rappeler dans son approche le style du légendaire Londonien Paul Weller. Il s’était fait connaître il y a près de dix ans grâce à une chanson de Noël, il s’y remet pour un album intitulé All the Best for Christmas, sur la pochette duquel on voit Gaspard, les cheveux gominés, en lunettes noires, dans un élégant complet noir, dans une pose cool et décontractée, sur un fond rouge, une coupe de champagne en évidence. Comme un chanteur soul américain des années 60. Son album est marqué par une série de duos, dont un avec l’excellent crooner australien narquois et pince sans rire, Maxwell Farrington, en duo lui-même avec le très bon musicien français Christophe Vaillant, alias le Super Homard. La chanson s’appelle « Xmas and the Three Wise Men », Noël et les trois rois mages, c’est une blague, à un moment les paroles disent « Tu peux apprendre à un homme à pêcher mais jamais à nager ». Quel rapport avec Noël ? Le mystère reste entier.
Pour en savoir plus, écoutez l’émission…
Very Good Trip [!–> Escuchar más tarde
[!–> escuchar 54 min
Playlist :
Eels – « I Can’t Believe It’s True » album « Eels Time ! »
Gaspard Royant – « Xmas & the 3 Wise Men » (feat. Le SuperHomard, Maxwell Farrington) album « All the Best for Christmas »
Fleet Foxes • Cole Pulice • Lynn Avery – « TM » album Artistes divers « Transa »
Julien Baker, Calvin Lauber, SOAK, Quinn Christopherson – « Get Me Away from Here, I’m Dying » album Artistes divers « Transa »
The Cowsills – « She Said to Me » album « Global (Deluxe) »
Abstract Crimewave – « The Longest Night » (feat. Chrissie Hynde) album « The Longest Night »
Peter Bruntnell – « Houdini and the Sucker Punch » album « Houdini and the Sucker Punch »
Ben Folds – « Sleepwalking Through Christmas » album « Sleigher »
Regina Spektor – « Samson » album « Songs »
Tori Amos – « White Telephone to God »
Shugo Tokumaru – « Akogare » album « Song Symbiosis »