Anne Berest, escritora: “La vida tenía mucha más imaginación que yo”

Anne Berest, escritora: “La vida tenía mucha más imaginación que yo”
Anne Berest, escritora: “La vida tenía mucha más imaginación que yo”
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Des racines familiales pour inspiration

“Cette famille, c’est comme un bouquet trop grand que je n’arrive pas à tenir fermement dans mes mains”, écrit Anne Berest dans La carte postale (Grasset, 2021).

Une famille, des racines et plusieurs branches, certaines alourdies par les drames de l’histoire, mais aussi par beaucoup d’amour et de vie. Celle de la mère, qui transmet la judéité et avec elle l’effroi de l’extermination d’un peuple, les mots qu’on ne trouve pas pour raconter aux enfants et petits-enfants. Puis des artistes qui déconstruisent tout, les mélodies comme les formes, l’amour et la famille comme on défait les traits de dessins trop bien esquissés. Anne Berest soigne aujourd’hui une autre branche de son arbre généalogique, à l’ouest, du côté du père et des terres rouges de la Bretagne.

L’écrivaine Anne Berest se confie : “Il existe ce que j’appelle des ‘transmissions invisibles’. Même sans avoir connu ses grands-parents ou ses ancêtres, nous avons plusieurs manières de les retrouver. Ce qui m’a particulièrement fascinée dans les recherches scientifiques, c’est la manière dont nos ancêtres continuent de vivre à travers nous, par leurs souvenirs et leurs émotions qu’ils ont pu, de leur vivant, nous partager.”

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La Carte postale, une histoire d’abord familiale

Cette mémoire familiale ressurgit parfois du passé. En 2003, la mère d’Anne Berest reçoit à son domicile une étrange carte postale, sans date ni signature. D’un côté, l’Opéra Garnier, de l’autre, quelques mots.

Nombreux sont les symboles présents sur cette carte : l’Opéra évoque un temps plus sombre, plus lointain, durant lequel l’Occupant se divertit en assistant à des représentations en allemand. Le timbre lui, disposé la tête en bas, suscite le doute : n’était-il pas pour la Résistance le signe alarmant mais discret qu’il faut fuir urgemment ? Enfin, une liste de noms, qui eux, n’ont rien d’anonyme : Emma, Ephraïm, Jacques et Noémie, membres de la famille, et tous morts à Auschwitz en 1942.

C’est le début d’une longue enquête générationnelle, et puis celui d’un récit, publié en 2021 aux éditions Grasset. Anne Berest nous raconte : “Dans le récit, ma mère, qui en est d’ailleurs l’héroïne, et moi partons pour ce village où ma famille a été arrêtée. Notre but : interroger les voisins pour en savoir plus. Nous voilà embarquées dans sa petite voiture, telles deux détectives maladroites sorties d’une série policière. Une fois sur place, nous frappons à une première porte. Un voisin nous accueille et commence à nous parler de notre famille. De fil en aiguille, il nous présente d’autres habitants, et ainsi, tout au long de la matinée, nous enchaînons les rencontres, recueillant des informations essentielles. Dans la réalité, j’ai bien rencontré toutes ces personnes, mais pas en l’espace d’une matinée. C’est là tout l’art du ‘roman vrai’ : les événements sont authentiques, mais je les tisse différemment, comme une brodeuse qui agence de véritables perles pour créer son propre motif.”

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À la rencontre de ses ancêtres, un héritage culturel

L’inspiration d’Anne Berest, c’est d’abord un héritage culturel, familial, qu’il faut rencontrer, chercher puis trouver. Arrière-petite-fille du peintre Francis Picabia et de la musicienne Gabriële Buffet, proches des mouvements Dada et surréalistes, l’écrivaine découvre ses origines tardivement, et de façon originale.

Un jour, alors que la mère d’Anne Berest s’apprête à signer un chèque, la vendeuse regarde celui-ci et demande si elles ne seraient pas de la famille du peintre. “Ma mère était visiblement embarrassée. De retour à la maison, je me suis précipitée sur un dictionnaire, et là, j’ai découvert que le nom Picabia y figurait effectivement. D’ordinaire, avoir un ancêtre dans le dictionnaire est une Source de fierté, mais pas pour ma mère”, poursuit l’écrivaine.

C’est le début d’un émerveillement, mais aussi d’une quête, ponctuée d’interrogations et de secrets. C’est ainsi que naissent les histoires chez Anne Berest, témoins d’une génération charnière, qui s’attache à faire le lien entre ce qu’ils ont connu et ce que leurs grands-parents ont eux-mêmes connu.

Pour aller plus loin

Anne Berest est romancière et scénariste.

Bibliographie

  • Sagan 1954, éditions Stock, coll. “La bleue”, 2014
  • Gabriële (avec Claire Berest), éditions Stock, coll. “La bleue”, 2017
  • La Visite, suivi de Les Filles de nos filles, théâtre, Actes Sud Papiers, 2020
  • La Carte postale, éditions Grasset, 2021

Filmographie

  • Que d’Amour !, téléfilm de Valérie Donzelli, Arte, 2014 (co-scénariste)
  • Paris Etc., série de Zabou Breitman, Canal+, 2017 (co-scénariste)
  • Mytho, série créée par Anne Berest et Fabrice Gobert, Arte, 2019-2021 (scénariste)
  • L’Événement, d’Audrey Diwan, d’après Annie Ernaux, 2021 (collaboratrice)

Références sonores

  • Émission de Françoise Dolto, Lorsque l’enfant paraît, RF, 26 novembre 1976
  • “Carte postale” par Francis Cabrel, 1981
  • Court-métrage “Dada” réalisé par Greta Deses et Marcel Janco, 1967
  • Interview d’Eugène Berest, maire de Brest, Bretagne actualités, 1976
  • Archive de Léon Zitrone, Comme une lettre à la Poste, 1960
  • Générique : “Gendèr” par Makoto San, 2020

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